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mauvais
2 février 2009

RADIOACTIVEMAN à encore frappé !

« EPR : l'industrie nucléaire ne sait pas quoi faire de ses déchets »dechets_nucl_aire_mairie_de

La France va se doter d'un deuxième EPR à Penly. John Large, expert britannique de l'industrie nucléaire, en rappelle les risques.

John Large a effectué des recherches sur les réacteurs et autres systèmes nucléaires pour l'administration britannique de l'énergie atomique, en tant que collaborateur scientifique de la Brunel University. Il a créé au milieu des années 80 la société de consulting engineers Large & Associates qui est spécialisée dans le domaine du nucléaire. Entre autres, il a été chef de l'équipe d'experts en technique nucléaire et en technique d'armement qui a estimé les dangers de la première opération de sauvetage réussie du sous-marin nucléaire russe Kursk en 2001. Il a également travaillé sur l'EPR de Flamanville : son travail a consisté à créer un modèle d'intensité des radiations dans le cas d'un éventuel accident nucléaire grave.

Les déchets de l'EPR seront-ils sept fois plus radioactifs que ceux générés par les réacteurs classiques, comme le dit Greenpeace ?

J.L.- Je ne travaille pas pour Greenpeace. Je suis un ingénieur indépendant, Greenpeace est venu me voir pour vérifier si certains de leurs arguments étaient valides scientifiquement, j'ai pu leur confirmer qu'ils l'étaient.

Le fonctionnement de l'EPR prévoit que le combustible nucléaire reste beaucoup plus longtemps dans le réacteur : le cycle n'est plus de 18 mois, mais de 24 mois. D'autre part, le combustible est plus concentré en uranium enrichi : l'isotope U235, présent à hauteur de 3,5% dans le combustible d'une centrale de deuxième génération, est désormais présent à hauteur de 5% dans un EPR. Il est plus irradié, on en tire plus d'énergie : 75 MWh par jour par tonne, contre 38 à 40 MWh par jour et par tonne dans une centrale de deuxième génération. Ce qui implique une usure (« burn-up ») et donc une radiotoxicité bien plus importante que dans les réacteur actuels.

En particulier, le fait que le combustible soit plus radioactif change les propriétés physiques et chimiques des « crayons » d'uranium présents dans l'assemblage contenu dans la cuve : comme sous une force centrifuge, la radioactivité migre à l'extérieur des jantes métalliques de l'assemblage. Ce qui signifie qu'au moindre problème (contamination de l'eau de la piscine du réacteur, rejet dans l'environnement...), la fraction immédiatement rejetée est sept fois supérieure à celle d'un réacteur de deuxième génération.

Cela pose le problème du stockage de ces déchets ?

J.L.- Effectivement. J'ai travaillé dans l'industrie nucléaire, dans les années 60-70.A l'époque, on nous disait que les problèmes de stockage seraient résolus plus tard. Aujourd'hui, personne ne les a encore résolus.

Dans la vie d'un EPR (60 ans), 200 tonnes de combustible seront irradiées. Or ce nouveau type de combustible est autrement plus radioactif que celui d'une centrale de deuxième génération : les déchets doivent être confinés dans des containers beaucoup plus spacieux et hermétiques. Ce que je pointe, c'est un manque total de coordination entre le concepteur de la centrale, Areva, et les concepteurs des containers destinés à contenir les déchets radioactifs, tels que Posiva en Finlande, ou SKB en Suède.  Ces derniers sont bien en peine aujourd'hui de concevoir des containers apropriés.

Ni la France, ni la Finlande, qui construisent chacune un EPR, ni aucun des autres pays qui envisagent d'en acquérir un (Royaume-Uni, États-Unis, Inde, etc.) ne disposent d'un site susceptible de gérer des combustibles ainsi irradiés. Même l'usine de La Hague d'Areva, présentée comme la plus performante au monde, ne résoudrait en rien la gestion de ces déchets : leur traitement génèrerait des rejets de radioéléments beaucoup plus élevés qu'à l'heure actuelle.

En France en effet, les combustibles usés sont confinés durant 5-6 ans, le temps qu'ils refroidissent, puis envoyés à la Cogema à Marcoule pour en extraire le plutonium qui servira au combustible Mox, tandis le reste devient in fine un déchet vitrifié, très toxique. Le cycle aval du combustible est assez similaire au Royaume-Uni. Nous ne savons pas quoi faire de ces déchets vitrifiés.

A l'heure actuelle, le système de stockage présente-t-il un risque pour l'environnement ?

J.L.-  En Finlande, en Suède, aux Etats-Unis, en Allemagne, le principe est de stocker les combustibles irradiés dans des containers en cuivre, à 400-600 mètres sous terre.

Or ces containers ont été conçus pour pouvoir résister à toute fuite durant 100 000 ans. Durant ce temps, la majorité des isotopes radioactifs auront perdu leur toxicité. Reste que l'129, un isotope radioactif de l'iode créé lors des réactions de fission (cassure des noyaux d'uranium ou de plutonium) dans un réacteur nucléaire, reste dangereux 5 millions d'années après pour l'être humain. Au bout de 100 000 ans, quand le container le laissera échapper, il contaminera l'eau en sous-sol et aura une incidence sur les générations futures.

-- 

Jocelyn Peyret
Marigot nucléaire 

En France, on a
pas de pétrole mais on a des idées de merde tout de même !. Des idées parfois bien discutables. En
annonçant jeudi dernier en quasi-catimini qu'il venait d'autoriser la
construction d'une nouvelle centrale nucléaire, l'Elysée a pris sans réel débat
une décision lourde de sens engageant le pays pour plus d'un demi-siècle de démence.
Sur
le fond pourtant, cette décision soulève de nombreuses questions. La France qui
ne fait plus guère des économies d'énergie une priorité, doit-elle réellement
engager dès maintenant la construction d'un réacteur supplémentaire ?
Probablement pour les sous marins, portes avions et autres accessoires de guerre et de dissuasion..., mais cette décision a-t-elle été prise pour répondre à notre
propre consommation future ou plutôt pour refaire de l'Hexagone un grand
exportateur de technologie nucléaire ou d'électricité vers des voisins européens
encore prudents face à l'atome ? Quant au choix technologique en faveur de
l'EPR, est-il totalement justifié ? Les EPR en cours de construction seront sans
doute à terme d'une redoutable efficacité, mais ils sont encore loin d'avoir
fait leurs preuves. Seule certitude, ils coûteront plus cher que prévu.
Fallait-il se précipiter ? A-t-on lancé un second Superphénix avant d'avoir vu
fonctionner le premier ?
Sur la forme, les questions sont tout aussi
nombreuses. La réforme de France Télévisions, le lancement d'un quatrième
opérateur mobile ou d'autres sujets comparativement mineurs sont prétextes à
d'interminables débats. L'avenir du nucléaire se décide, lui, en petit comité.
Enfin, pour ne faire de peine à personne, le gouvernement pousse aujourd'hui
dans des conditions encore vagues EDF et GDF Suez à travailler ensemble. Les
deux frères ennemis de l'énergie française vont devoir collaborer, partager
risques et soucis, et apprendre à ne pas rejeter sur l'autre la responsabilité
d'erreurs en cas de difficultés. L'Etat vient de jeter deux crocodiles dans un
drôle de marigot nucléaire.

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